Hissène Habré sera jugé pour ses crimes. Vingt-trois ans après sa chute et sa fuite au Sénégal. Le tribunal spécial créé en décembre 2012 pour juger l'ancien dictateur tchadien a démarré
ses activités le 8 février à Dakar, où le Sénégal a procédé à l'inauguration des Chambres africaines extraordinaires
destinées à juger l’ancien président tchadien Hissène Habré. Ce tribunal spécial de Dakar,
qui découle d'un accord entre le gouvernement du Sénégal et l'Union africaine,
sera composé de dix juges africains et de quatre juges d'instruction sénégalais.
L'instruction va durer 15 mois et le procès s'ouvrira en 2014. Le tribunal spécial
sera présidé par un magistrat africain dont la nationalité ne serait pas sénégalaise.
L’élection de Macky Sall à
la présidence du Sénégal en avril 2012 et l’arrêt de la Cour internationale de
Justice du 20 juillet 2012 ordonnant au Sénégal de poursuivre en justice « sans
autre délai » ou d’extrader l’ancien dictateur du Tchad, ont permis la tenue de
ce procès toujours différé. Des Chambres africaines extraordinaires ont été
créées en vue de mener le procès au sein du système juridique sénégalais.
Hissène Habré devra ainsi répondre des crimes internationaux commis au Tchad
entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990. Nous allons démontrer que Habré
dirigeait et contrôlait les forces de police qui ont tué ou torturé ceux qui
s'opposaient à lui ou qui appartenaient simplement au mauvais groupe ethnique»,
a précisé Jacqueline Moudeïna, l'avocate des victimes et présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion des Droits de l' Homme (ATPDH). Sous le régime Habré,
la DDS, sa police politique redoutée et impitoyable, a en efffet procédé a des
milliers d’arrestations, des tortures et d'exécutions sommaires d’opposants et
autres tchadiens. Selon
l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH),
fondée par une des victimes du dictateur Souleymane Guengueng, et qui ont porté
plainte, Hissène Habré serait responsable d’un millier d'assassinats
politiques.
Justice sera-t-elle enfin
rendue aux milliers de victimes et leurs familles qui la réclament depuis des
décennies ? La phase d'instruction conduite par quatre magistrats sénégalais
doit durer 15 mois et devrait être suivie du procès en 2014.
Un procès à gros
budget et à grand spectacle qui pourrait coûter une dizaine de milliards de
francs CFA. Les financiers contributeurs sont nombreux : l'Union africaine,
l'Union européenne, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg, la
France, les Etats-Unis et le Sénégal, le Tchad...
Quelque 500 témoins
pourraient être auditionnés, d'aucuns avancent le nombre de 1.875 jours soit 5
ans ou 60 mois pour la durée du procès.
De g. à dr. : Souleymane
Guengueng, victime de torture du régime Habré. Reed Brody, découvre des documents de la police politique de Habré © Human Rights Watch. |
Pour l'association de
défense des droits de l'homme, Human Right Watch, qui travaille depuis 1999
avec les victimes de l’ancien dictateur du Tchad en exil,
"Habré est accusé de milliers d’assassinats politiques et de
l’usage systématique de la torture lorsqu’il dirigeait le Tchad de 1982 à 1990.
Habré est aussi recherché par la justice belge pour crimes contre l’humanité,
crimes de guerre et torture."
La justice se penchera-t-elle sur la gestion des fonds que l'ancien
président tchadien avait emporté avec lui dans sa fuite précipitée ? La lettre du continent dans son édition du 27 septembre 2012 avance le chiffre de 16
milliards de FCFA détournés, soit 24,4 millions d'euros...
Alix Prat pour 24heuresinfo
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