13 février 2013

France : un chômeur s'immole par le feu à Nantes


Un chômeur en fin de droit s'est immolé par le feu mercredi vers 16 heures devant un pôle emploi de Nantes, en Loire-Atlantique. Il avait fait part de ses intentions de se donner la mort et cette menace avait été prise au sérieuse par Pôle emploi. Djamal Chaab, 43 ans, est mort après s'être aspergé d'essence, ce mercredi, devant l'agence Pôle Emploi Nantes-Est. Le taux de suicide parmi les chômeurs est six fois plus élevé que pour le reste de la population. «Il faudra bien, après, se poser les questions sur les effectifs dédiés à l’accueil et l’accompagnement au sein de Pole emploi face aux demandeurs d’emploi plus fragiles», a commenté la déléguée régionale SNU au quotidien Ouest-France. Tout a-t-il été fait pour éviter le drame ? Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer "ce qui a conduit à un tel geste de désespoir", indique le ministère du Travail dans un communiqué. Dans un communiqué, la CGT chômeurs a, quant à elle, dénoncé « l'inhumanité avec laquelle les chômeurs sont traités les poussant comme aujourd'hui à mourir de pauvreté sous couvert de l'application d'une règle qui ne sert qu'à sanctionner, fliquer et humilier les chômeurs. » Pour le syndicat, « Pôle emploi ne peut pas se dédouaner de ses responsabilités dans cette affaire même si la procédure a été respectée". "Tout a été fait", a indiqué le ministre du travail Michel Sapin, envoyé en urgence à Nantes par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il faut savoir que les chômeurs n'ont pas le droit de faire une erreur en actualisation, les erreurs seraient-elles réservées à Pôle Emploi ? Cette affaire effroyable conduit à la question suivante : que pèse la vie d'un homme face à l'application tatillonne et déshumanisée de la loi ?
Alix Prat pour 24heuresinfo
Les réactions
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a évoqué une « situation de précarité et aussi sans doute un drame humain » pour expliquer ce geste désespéré. « On ne peut être que choqués », a-t-il ajouté, relevant que le personnel de Pôle Emploi, « très choqué » lui aussi, avait « fait son travail ».

Patrick Rimbert, maire de Nantes : « Je pense avant tout à la famille et aux proches de cet homme à qui j’adresse mes plus sincères pensées. Ce drame souligne le désarroi dans lequel la crise et le chômage plongent certains de nos concitoyens. Cela ne remet pas en cause le travail accompli par les agents de Pôle emploi ou les services sociaux qui au quotidien sont aux côtés des plus en difficultés ».

« C’est un choc terrible pour tous et en particulier pour les agents du Pôle emploi qui ont assistés à cette scène », a souligné Gilles Retière, président de Nantes Métropole.

Le Président du conseil régional Jaques Auxiette  s'est dit « horrifié par cette tragédie » estimant que « la réalité collective du chômage ne doit pas faire oublier la détresse individuelle et quotidienne de chaque chômeur ».

« Cet événement dramatique témoigne d’une réelle souffrance sociale que nul ne peut ignorer et qui interroge chacun à quelque niveau de responsabilité qu’il soit - citoyen, salarié, employeur ou élu. Face au chômage qui accable nombre de nos concitoyens, la mobilisation pour l’emploi et l’accès aux droits est d’une urgence vitale», a déclaré Philippe Grosvalet, président du conseil général de la Loire-Atlantique.

Le Mouvement National des Chômeurs et Précaires a dénoncé avec la plus grande énergie « au-delà du drame individuel, l’aggravation continue d’une situation humainement  et socialement insupportable » soulignant que les risques psychosociaux du chômage n'étaient « malheureusement toujours pas considérés comme une priorité par l’ensemble des pouvoirs publics et de la société ».

Pour le parti communiste de Loire-Atlantique : « Derrière les chiffres secs et les courbes des schémas, il y a avant tout des êtres humains. Il est grand temps de revoir les priorités, de cesser de satisfaire les exigences du Medef et de la finance, grand temps de travailler à une sécurité sociale professionnelle pour toutes et tous ».

« Notre peine à cette annonce n’a d’égale que notre colère et notre révolte. Et nous savons aussi que la majorité des suicides sont invisibles. Ils n’ont pas lieu devant des endroits symboliques comme des Pôle emploi ou des Caf », a rappelé avec justesse AC-Chômage.

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