La date du 19 Mars qui correspond à un fait historique majeur, le cessez-le-feu du 19 mars 1962, est déjà ancrée dans l'esprit du grand public. Photo © J. Robert DMPA |
«L'offense
à l'Histoire, c'était le 5 décembre» a souligné avec perspicacité le
sénateur du Rhône Guy Fischer (1), lors des débats au Sénat, le 25 octobre
2012, portant sur la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du
souvenir. Il avait ajouté : «Une date
de commémoration doit avoir un sens historique et symbolique.» C'est dans cet
esprit que la proposition de loi qui fait du 19 mars,
date anniversaire du cessez-le-feu en 1962, la «journée nationale du souvenir»
en mémoire des victimes de la guerre d’Algérie, a été définitivement adoptée par le Parlement, après un vote en ce
sens au Sénat.
Aujourd'hui, d'aucuns s'interrogent
: faut-il abroger la date du 5 décembre qui n'a,
elle, aucune portée historique ? «Sa suppression faciliterait la
compréhension et la connaissance de l'histoire des conflits nord-africains par
le public et le travail de transmission de la mémoire à destination des jeunes
générations», estime le député de Meurthe-et-Moselle Hervé Féron.
Un autre député Thomas Thévenoud (Saône-et-Loire) a, lui aussi, posé la
question à l'Assemblée nationale, le 5 février dernier, soulignant que le
maintien de la date du 5 décembre, «qui ne correspond à aucun fait historique
majeur», était de nature «à créer la confusion». Il souhaitait
savoir dans quelle mesure le Gouvernement entendait «mettre fin aux
célébrations du 5 décembre et faire du 19 mars la seule et unique date de
commémoration de la guerre d'Algérie».
Un mois plus tard, le 5 mars 2013, sa
question écrite avait reçu une réponse précisant que rien n'empêchait «qu'un
même événement ou une même population fasse l'objet de deux commémorations au
cours d'une année». Ajoutant : «Le législateur a ainsi choisi, par la
loi
n° 2012-273 du 28 février 2012, d'ériger le 11 novembre en date de
commémoration de tous les morts pour la France sans pour autant que cette
journée d'hommage se substitue à celles déjà existantes.» Cette réponse à la
Normande oublie de mentionner que la date du 19 Mars correspond à un fait
historique réel, le cessez-le-feu en Algérie du 19 mars 1962 qui, lui, sera
retenu par les générations futures. La date du 5 décembre, elle, n'évoque rien
dans l'esprit de nos contemporains, ni chez les jeunes, ni chez les seniors. Cela est simple à vérifier, il suffit de poser, autour de soi, la question : «Qu'évoque
pour vous le 5 décembre ?» Rien. Le public l'ignore. Le 5 décembre n'est donc pas
porteur de mémoire, mais d'oubli.
Comme l'a souligné le sénateur Georges Labazée, le 19 mars n'est pas «signe de victoire ou de défaite, mais d'une décision politique, l'arrêt des combats». «Nous devons encourager la réconciliation nationale et la recherche historique, a-t-il affirmé, dans un but pédagogique, à la lumière des valeurs républicaines et humanistes sur lesquelles repose notre constitution.»
Alix Prat pour 24heuresinfo
1. Journée
nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et
militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
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