18 avril 2013

Le 19 Mars, porteur de mémoire


La date du 19 Mars qui correspond à un fait historique
majeur, le cessez-le-feu du 19 mars 1962, est déjà ancrée
dans l'esprit du grand public. Photo © J. Robert DMPA  

«L'offense à l'Histoire, c'était le 5 décembre» a souligné avec perspicacité le sénateur du Rhône Guy Fischer (1), lors des débats au Sénat, le 25 octobre 2012, portant sur la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir. Il avait ajouté : «Une date de commémoration doit avoir un sens historique et symbolique.» C'est dans cet esprit que la proposition de loi qui fait du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en 1962, la «journée nationale du souvenir» en mémoire des victimes de la guerre d’Algérie, a été définitivement adoptée  par le Parlement, après un vote en ce sens au Sénat.

Aujourd'hui, d'aucuns s'interrogent : faut-il abroger la date du 5 décembre qui n'a, elle, aucune portée historique ? «Sa suppression faciliterait la compréhension et la connaissance de l'histoire des conflits nord-africains par le public et le travail de transmission de la mémoire à destination des jeunes générations», estime le député de Meurthe-et-Moselle Hervé Féron. Un autre député Thomas Thévenoud (Saône-et-Loire) a, lui aussi, posé la question à l'Assemblée nationale, le 5 février dernier, soulignant que le maintien de la date du 5 décembre, «qui ne correspond à aucun fait historique majeur», était de nature «à créer la confusion». Il souhaitait savoir dans quelle mesure le Gouvernement entendait «mettre fin aux célébrations du 5 décembre et faire du 19 mars la seule et unique date de commémoration de la guerre d'Algérie».

Un mois plus tard, le 5 mars 2013, sa question écrite avait reçu une réponse précisant que rien n'empêchait «qu'un même événement ou une même population fasse l'objet de deux commémorations au cours d'une année». Ajoutant : «Le législateur a ainsi choisi, par la loi  n° 2012-273  du 28 février 2012, d'ériger le 11 novembre en date de commémoration de tous les morts pour la France sans pour autant que cette journée d'hommage se substitue à celles déjà existantes.» Cette réponse à la Normande oublie de mentionner que la date du 19 Mars correspond à un fait historique réel, le cessez-le-feu en Algérie du 19 mars 1962 qui, lui, sera retenu par les générations futures. La date du 5 décembre, elle, n'évoque rien dans l'esprit de nos contemporains, ni chez les jeunes, ni chez les seniors. Cela est simple à vérifier, il suffit de poser, autour de soi, la question : «Qu'évoque pour vous le 5 décembre ?» Rien. Le public l'ignore. Le 5 décembre n'est donc pas porteur de mémoire, mais d'oubli.

Comme l'a souligné le sénateur Georges Labazée, le 19 mars n'est pas «signe de victoire ou de défaite, mais d'une décision politique, l'arrêt des combats». «Nous devons encourager la réconciliation nationale et la recherche historique, a-t-il affirmé, dans un but pédagogique, à la lumière des valeurs républicaines et humanistes sur lesquelles repose notre constitution.»
Alix Prat pour 24heuresinfo

1. Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

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